Je l’ai lu il y a un petit moment déjà. Posé sur une étagère, en attente de cette chronique. Et quasi-oublié.
C’est dire la déception qui m’a étreint à l’époque.
Pourtant l’affiche était alléchante. D’abord Manara. Oui, on le vend souvent comme un dessinateur d’histoires érotiques. C’est vrai qu’il est difficile d’oublier la plastique des jeunes filles qui parsèment les albums qu’il crée, leur silhouette sylphide, leur moue boudeuse et leur regard coquin. Mais le bonhomme sait intéresser autre chose que la libido fatiguée du lecteur : sa maîtrise formelle de l’art de la bande dessinée et sa culture cinéphilique lui ont permis d’inventer des récits mêlant surréalisme et poésie, ce qui l’a naturellement amené à croiser la route d’Hugo Pratt ; j’avais beaucoup apprécié les albums mettant en scène Giuseppe Bergman, au nom évocateur. Je connais moins bien les autres, mais il est certain que des œuvres comme le Déclic ou le Parfum de l’invisible l’ont plutôt campé dans la BD pour adultes.
Et c’est à Claremont qu’on a décidé de l’associer dans ce qui ressemble fort à un coup de pub éditorial. Pour lui, déjà, je me montrais moins enthousiaste, tant ses derniers travaux apparaissent poussifs à côté des heures de gloire de la saga X-Men où, aux côtés de John Byrne, il signa certaines des plus belles pages de Marvel et fit exploser la renommée du groupe de mutants.
Et ici, sur une trame ressemblant à ce qu’on a vu des dizaines de fois (pensez par exemple aux récits mettant Arcade en scène), Manara s’efforce d’insérer des séquences légères, gentiment émoustillantes, sans pour autant dépasser les limites imposées par une maison d’édition quelque peu despotique. Amateur de chair fraîche, vous serez servi, mais n’espérez pas voir davantage que des jambes fuselées et des poitrines à peine révélées par des justaucorps ou des chemisiers moulants. Quant au lesbianisme latent de ces pages (on connaît par exemple l’attachement profond entre Rachel et Kitty), il ne donne lieu qu’à quelques images vaguement équivoques.
Donc, aucun des atouts du casting n’apporte un plus à une histoire très conventionnelle, parfois même ridicule (la chef de l’organisation semble tirée d’une pauvre série des années 60) qui se noie souvent dans son verbiage (défaut redondant chez Claremont) mais parvient à offrir quelques passages graphiquement agréables : Manara s’en sort mieux dans les cascades, parfaitement découpées, que dans le combat super-héroïque. Son interprétation des héroïnes est plutôt réussie, même si son dessin a tendance à gommer les différences d’âge.
Au final, c’est mignon mais ne justifie pas du tout le prix à payer pour cet album cartonné, hormis le fait qu’il fera « bien » dans la bibliothèque et attirera immanquablement le regard.
Ma note (sur 5) : |
2,7 |
Titre original |
X-Women |
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Format |
Cartonné, 21x32 cm |
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Edition originale |
Marvel 2010 |
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Edition française |
Panini comics février 2011 |
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Collection |
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Scénariste(s) |
Chris Claremont |
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Dessinateur(s) |
Milo Manara |
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Traduction |
Thomas Davier |
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Pages |
56 |
Synopsis : A l’invitation de Malicia, Kitty Pryde, Ororo (Tornade), Betsy (Psylocke) et Rachel Summers passent des vacances méritées en Grèce, entre filles. Mais une organisation secrète kidnappe Rachel et voici nos X-Women en piste pour la retrouver. Ses traces les mènent d’abord à Madripoor où elles feront pourtant chou blanc, allant jusqu’à perdre leurs pouvoirs…